Sorrow's birthdaY (1995)
Sorrow's birthdaY (1995)
Composé entre 1993 et 1995, Sorrow’s birthdaY est une suite de « Séquences » — fragments d’angoisse, de nostalgie, de joie ou de douceur — écrite au séquenceur et aux synthétiseurs. Entre sons bruts et artificiels, il raconte la lutte de l’esprit face à la machine qui l’absorbe.
Dans un monde saturé d’objets, de loisirs et d’émotions manufacturés, sommes-nous encore humains ? La pochette, un dessin de Van Gogh (Sorrow), montre une humanité nue, décharnée par les machines, les algorithmes, le virtuel.
L’album ne tranche pas. Il rappelle seulement que l’esprit ne survit qu’en s’ancrant dans sa propre étrangeté.
Diffusé sur Jamendo en 2006, il a été réenregistré en 2015 avec de nouveaux instruments virtuels — la version présentée ici.
Echo Mike, incarnation ultime de l’être machinal, est le manager — surtout l’entrepreneur des technologies de l’information — issu des mouvements contestataires des années 60/70 absorbés par le néolibéralisme. Symbole d’efficience et de progrès, il a balayé paternalisme et idéologies pour mieux asseoir son pouvoir. Mais, seize ans après Sorrow’s birthdaY, cet album de 2011 raconte sa décadence : crises après crises, il s’est révélé brutal (management d’Orange), cupide (Enron, subprimes), cynique (Goldman Sachs), puis manipulateur (Cambridge Analytica), démesuré (WeWork, Fyre Festival), mégalomane et erratique (Elon Musk), jusqu’à l’ère Trump où la figure du leader performant a viré au grotesque showman populiste. Cet album est un crash filmé au ralenti.
« Sans la musique, la vie serait une erreur », disait Nietzsche. « Sans la musique électronique, non », ajouterais-je. La silhouette étendue sur la pochette ? Peut-être la musique, assassinée par l’électro… ou moi, fuyant ses fans. Avec eScape, j’ai glissé un « e » à landscape pour imaginer des paysages électroniques loin des boucles hypnotiques, basses saturées et rythmes dystopiques.
Ici, la musique se veut plus fraîche : ni machinale ni hypnotique, mais discursive, descriptive, parfois bavarde, avec des variations et des formes classiques pour s’adresser à un auditeur qui n'est pas un zombie.
Sorti en 2012.
Ambiance east/western pour cet album au thème plus brutal illustrant une ambiance sociale à bout de souffle après 50 ans de pression économique : le sombre avenir écologique, le mode de vie machinal sans perspective de transformation, le divorce avec les élites dirigeantes soupçonnées de trahison démocratique créent un contexte où l'avenir de chacun ne semble plus dépendre que de soi-même et de son clan. De caractère misanthrope, je me suis projeté dans l'époque comme un "raw-boy" errant dans les grands espaces vides de l'esprit jusqu'à trouver dans une sorte de folie schizophrénique l'apaisement de ses tourments.
Didjé ? Un clin d’œil au DJ, inventeur du disco : deux temps, boucle de basse, rythmique simple… et la fête obligatoire qui cache le vide. Sa descendance a colonisé la musique commerciale, nourrie d’un public formaté. Mais Didjé, c’est aussi Didier, accordéoniste synthétique qui traverse tous les styles — même le disco — en dynamitant gimmicks, chants formatés et poésie creuse.