Je ne cherche a priori ni sens ni récit. Je cherche le placement juste — cet instant rare où un fragment posé, un trait suspendu, un vers coupé, un motif musical viennent s'inscrire dans la forme plus large qu'ils inventent. Artiste recompositeur, je travaille avec des morceaux, non comme symptômes d’une perte, mais comme cellules vivantes d’un monde à refaire.

Longtemps je n'ai pu relier mes créations en musique, littérature, poésie et peinture dans la vision unifiée d'un même style. Pourtant, les unités élémentaires ou "cellules vivantes" que je produis et place dans l'oeuvre sont aussi bien des riffs de piano, des lignes de basse que des phrases du langage quotidien, des morceaux de journal intime ou des aplats de couleur, de noir, de blanc, de traits, de rayures...

Le morcellement n’est pas chaos. C’est une méthode intuitive, organique, rythmique. Je compose sans projet, écris sans plan, dessine la plupart du temps sans esquisse. Chaque œuvre, qu’elle soit graphique, poétique, littéraire ou musicale, cherche son équilibre et son sens par l'apport successif de nouvelles cellules, entre absence et présence, répétition et nouveauté.

Ce n’est pas un art du collage, mais un art de la forme en émergence. Le monde ne s’y aligne pas — il s’y agence. C’est là que naît la lumière.